La protection de l’environnement a pris une nouvelle envergure dans le monde de l’après guerre froide. Le
système commercial multilatéral n’est pas resté en marge de cette évolution, avec la mise en place de l’OMC, qui a donné une nouvelle impulsion aux préoccupations environnementales dans le droit
du commerce international. En effet, les textes issus du cycle de l’Uruguay Round n’ont pas manqué d’exprimer leur forte sensibilité aux préoccupations environnementales, notamment à travers
l’affirmation de l’objectif de développement durable. Toutefois, en dépit de cette redondance proclamatoire, il semble que le concept ne reçoit pas encore une prise en compte pleine et effective
dans la vie de l’OMC et dans la jurisprudence de son organe de règlement des différends (ORD). En effet, l’article XX, précisément dans ses paragraphes b) et g) qui constituent le socle
granitique des préoccupations environnementales à l’OMC, continue d’être victime d’une application a minima. Ses conditions de mise en œuvre font l’objet d’une interprétation très
rigoureuse par l’ORD, ce qui a pour conséquence d’en conférer une efficacité limitée. C’est que celui-ci s’est contenté d’opérer une interprétation stricte de l’article XX, une interprétation
détachée de la finalité assignée au système commercial multilatéral, à savoir le développement durable. Or, le développement durable passe immanquablement par la protection de l’environnement de
sorte que l’organe de règlement des différends de l’OMC doit pouvoir s’affranchir de la dictature du libre-échange pour intégrer dans ses raisonnements, ses motivations et, in fine, dans
ses décisions les préoccupations d’ordre écologique. Il s’agit d’une position de bon sens.
Au moment où les préoccupations environnementales prennent de l'envergure dans l'agenda national et international, j'ai souhaité vous livrer ici un résumé de mon mémoire de DESS en Contentieux
International, intitulé "La protection de l'environnement dans le cadre du pipeline Tchad-Cameroun". L'objet de cette étude était de voir comment concilier les préoccupations environnementales
avec un projet de développement d'ampleur comme le pipeline Tchad-Cameroun, autrement dit, comment implémenter le développement durable au Cameroun.
La protection de l’environnement au Cameroun, en matière de
transport international des hydrocarbures, a connu une évolution fulgurante à l’épreuve du projet pipeline Tchad-Cameroun. Parti d’un stade que l’on pourrait qualifier de vide juridique, le
Cameroun, en relation avec les autres partenaires du projet, s’est doté d’un corps de règles spécifiques dont l’objectif est d’en garantir la gestion optimale.
A l’observation, le dispositif juridique mis sur pied a
permis de réglementer un projet considéré comme écologiquement dangereux par la Banque Mondiale, au regard des risques multiples qu’il fait peser sur l’environnement. Au plan institutionnel, des organismes nationaux et internationaux
ont été créés ou aménagés, soit pour assurer la mise en œuvre des engagements environnementaux, soit pour en garantir le contrôle.
Cependant, au-delà de l’adoption d’un cadre juridique et
institutionnel applicable à ce projet, le problème de son efficacité reste posé, en raison des cas de non conformité environnementale relevés au fil du temps. C’est que le dispositif normatif, en
plus des carences liées à son ineffectivité, n’a pas surmonté les insuffisances traditionnelles du droit de l’environnement : complexité dans la formulation des prescriptions à respecter,
absence de formulation claire des objectifs environnementaux à atteindre et des méthodes à suivre.
En outre, au plan institutionnel, il subsiste le problème de
la capacité financière et technique, voire de la bonne volonté des organismes en charge de la gestion des questions environnementales liées au projet. C’est la preuve que ce cadre juridique et
institutionnel de protection environnementale reste à parfaire, tant pour la gestion future du projet qu’en ce qui concerne les autres projets d’envergure entrepris par la République
du Cameroun et dont les risques environnementaux sont réels.
The protection of environment in Cameroon has
evolved spectacularly in the contact of the pipeline Chad-Cameroon project, concerning the international transportation of hydrocarbons. From a stage considered as a gap in the law, the State of
Cameroon, in relation with its other partners in the project, has endowed itself with specifical rules which objective is to grant an optimal management of the project.
In this way, the legal system set up has allowed
regulating a project considered as ecologically dangerous by the World Bank, on account of the numerous threats on environment it generates. From the institutional viewpoint, some national and
international agencies have been created or adjusted in order to ensure the implementation and the monitoring of environmental commitments.
However, beyond the adoption of a legal
and institutional framework, the problem of its effectiveness remains. The reasons of that are the environmental non conformity cases observed. This is because of the fact that the legal system,
in addition to its deficiencies due to the lack of some rules of law, didn’t settle the traditional shortcomings of the environmental law: complex rules of law, obscure objectives and methods.
Besides, concerning the institutions, it remains the problem of their financial and technical capacity, even their good will. This if the proof that the legal and institutional framework set up
in order to ensure the protection of environment should be improved. It should be improved first to secure the future management of the pipeline Chad-Cameroon project, then to secure the other
great projects undertaken by the Republic of Cameroon.