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8 avril 2011 5 08 /04 /avril /2011 00:23

La présente réflexion a été inspirée et suscitée par les derniers rebondissements de la crise ivoirienne (pour autant qu'il s'agisse bien des derniers rebondissements), suite à l'offensive des forces "néo-républicaines" pro-Ouattara (soutenues par la coalition franco-onusienne) contre le palais présidentiel du Plateau à Abidjan. La crise actuelle qui ensanglante le pays de Didier Drogba anime et passionne les débats à toutes les échelles sociales. Pour un bon traitement de la question d'un point de vue scientifique, l'anayse doit être portée à un diapason qui dépasse la grille de lecture Gbagbo-Ouattara, que ce soit du point de vue juridique (le contentieux post-électoral) ou politique (le rôle des acteurs internes et externes).

 

Une crise au-delà du contentieux post-électoral

 

L'idée ici est de dire que la crise ivoirienne n'est pas née avec les élections présidentielles du 28 novembre 2010. Elle ne doit pas être limitée à la question de savoir qui a gagné ou perdu les élections, mais remonte au décès du Président Houphouët Boigny et les guerres de succession qui s'en sont suivies. Il y a eu la guerre des clans au sein des héritiers de l'houphouétisme, qui s'est soldée par le coup d'Etat de Noël 1999 sur fond d'ivoirité et d'intolérance croissante. Ensuite il y a eu la tentative de coup d'Etat du 19 septembre 2002 au cours de laquelle le pays a été agressé par une rebellion venue du Nord. Depuis cette date, la Côte d'Ivoire a été divisée sur le plan politique, géographique et communautaire. Où était-elle, cette "communauté internationale" pour bouter hors de Côte d'Ivoire cette horde d'assaillants sans foi ni loi qui, pendant près de huit ans, ont régné sans partage sur la moitié du pays ? Le sanglant contentieux post-électoral qui succède le scrutin de novembre 2010 n'est que le énième soubresaut d'un processus post-confictuel mal géré et d'une élection précipitée car comment s'expliquer que la communauté internationale ait exigé la tenue de consultations électorales alors que la moitié du pays était encore occupée par des groupes lourdement armés ? La responsabilité de la communauté internationale dans cette crise est grande même si elle n'occulte pas les initiatives critiquables des acteurs politiques de premier plan que sont Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Quand bien même la victoire électorale ou militaire de l'un sur l'autre serait établie, seul un processus de réconcilliation sérieux de l'ensemble des ivoiriens (et c'est possible) pourra à terme ramener une paix durable dans ce pays.

 

Une crise politique aux relents géopolitiques

 

La grille d'anayse Gbagbo-Ouattara de la crise ivoirienne (le paradigme de la quête du pouvoir politique) ne doit pas nous conduire à minorer les influences et interférences exogènes, c'est-à-dire le rôle éminent des acteurs extérieurs à la Côte d'Ivoire. Les enjeux de la crise vont au-delà de ce pays et posent le problème de la capcité des africains à régler les crises continentales, de même que le rôle des puissances étrangères dans la dialectique de la stabilité et de l'instabilité sur le continent noir. Cette crise pose le problème de l'autonomie de décision de l'Afrique face à la rémanence des tentations néo-colonialistes et à la permanence des ingérences qui, depuis l'accession de la majorité des Etats à l'indépendance et à la souveraineté internationale, n'ont cessé de subir les assauts dévastateurs des puissances impérialistes (pour des motivations et des intentions inavouées que chacun d'entre nous peut s'imaginer). La crise ivoirienne nous enseigne que le sort de l'Afrique reste encore décidé hors d'Afrique, dans des officines ou les peuples et les dirigeants africains n'ont pas accès. Et si le prétexte de l'ingérence démocratique peut être subtielement invoqué, de même que le paravent humanitaire rapidement brandi, il reste que la Côte d'Ivoire ne monoploise pas les souffrances de l'humanité et l'on aimerait bien voir cette communauté internationale se mobiliser avec le même enthousiasme pour secourir les peuples en détresse dans toutes les parties du monde (en Palestine par exemple).

 

Laurent Gbagbo a peut-être perdu les élections présidentielles de novembre 2010. Alassane Ouattara ne les a peut-être pas gagnées. Le problème reste le même : tant que l'Afrique ne constituera pas une force de résistance à même de s'exprimer d'une voix commune, des futures Côte d'Ivoire (et Libye) s'annoncent en perspective ... au grand dam des peuples africains.

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