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30 décembre 2013 1 30 /12 /décembre /2013 15:00

Voilà bientôt deux ans que dure cette tradition : chaque fin d’année, je procède à un inventaire éclectique et sans doute subjectif des faits qui ont marqué l’année qui s’achève, au niveau mondial, continental et national.

C’est un exercice peu évident, au regard du flot d’informations que nous déversent au quotidien les médias et autres réseaux sociaux, mais exaltant dans la mesure où il me permet de rester connecté au monde qui bouge.

Ainsi, au niveau de la géopolitique mondiale, mon fait le plus marquant en 2013 est la renaissance de l’empire soviétique, depuis le retour au sommet du pouvoir du Président Poutine il y a un an. Celui-ci a ainsi pu peser de tout son poids sur les termes de l’accord sur le nucléaire iranien (peut-être facilité aussi par l’arrivée au pouvoir iranien d’un modéré en la personne d’Hassan Rohani), il a mis son veto à une intervention militaire en Syrie (en dépit du drame humain insupportable auquel on assiste toujours dans ce pays), ainsi qu’à la signature de l’accord d’association entre l’UE et l’Ukraine (contraignant ainsi les manifestants pro-européens à passer les fêtes de fin d’année dans la rue, sous un froid glacial) et accordé l’asile à Edward Snowden, contre l’avis des Etats-Unis, son pays d’origine, en révélant au grand jour le programme mondial de surveillance électronique orchestré par Washington sous le nom « Prism ». L’année 2014 semble donc nous introduire vers un nouveau monde articulé autour du G3 (Etats-Unis, Chine, Russie) où l’Europe, engluée dans la crise économique, semble de moins en moins influente sur la conduite des affaires internationales, tandis que l’Afrique attend toujours la compassion étrangère pour sortir de sa situation de marasme.

Le monde (de ceux pour qui la démission c’est fait pour les extra-terrestres) a été ébranlé par le renoncement du Pape Benoît XVI à la tête de l’Eglise catholique, aussitôt remplacé par le Pape François, lequel a apporté un souffle nouveau au sein de l’Eglise pour que le Magazine américain Time le considère comme la personnalité de l’année. Pas suffisant pour en faire le prix Nobel de la paix car pour une deuxième année consécutive, ce prestigieux prix revient à une organisation internationale (l’OIAC) et non à un individu. Eh oui, où sont les hommes (et les femmes) ? Question d’autant plus lancinante que l’année 2013 a été endeuillée par le départ de grands hommes d’Etat qui ont marqué l’histoire (positivement ou négativement selon les camps) : Nelson Mandela, icône parmi les icônes, qui même dans sa mort a su rapprocher les peuples (avec notamment la poignée de main historique, lors de la cérémonie d’hommage, entre Barack Obama et Raul Castro, après près de 50 ans de gel diplomatique entre les Etats-Unis d’Amérique et Cuba), Hugo Chavez (le leader de la fronde anti-yankee en Amérique latine), Margareth Thatcher (la dame de fer), Stéphane Hessel (inspirateur du mouvement des indignés), Jacques Verges (l’avocat du diable).

Une fois de plus, la France est intervenue au Mali (menacé de tomber dans l’escarcelle de l’islamisme terroriste) et en RCA (où anti-balaka et séléka s’affrontent sur fond de rivalité politico-religieuse après un énième coup d’Etat dans ce pays) pour remettre de l’ordre en Afrique. Elle est allée plus loin encore en accueillant le Sommet de l’Elysée sur la paix et la sécurité en Afrique. Mais où est donc l’Union Africaine ? Elle a célébré son cinquantenaire et après ? Où sont les organisations continentales sous-régionales ? En tout cas, la nature a horreur du vide.

C’est pourquoi on peut se réjouir de l’initiative des autorités camerounaises d’avoir organisé et abrité le Sommet du Golfe de Guinée sur la sécurité et la sûreté maritime, lequel a permis de poser les jalons d’une mutualisation des forces afin de relever les multiples défis auxquels la zone est confrontée.

Au niveau proprement interne, au plan politique, les institutions prévues par la constitution de 1996 continuent de se mettre progressivement en place. C’est le cas du Sénat dont le premier fait d’armes a été « l’accrochage » avec l’Assemblée nationale au sujet des émoluments des « vénérables » plutôt que sur les dossiers chauds de la République. Peut-être parce que la représentation nationale est issue d’une nouvelle législature qui a relativement modifié le paysage politique. Les conseils municipaux aussi ont été renouvelés et Bakassi est « définitivement » camerounaise.

Au plan socio-économique, les problèmes d’eau et d’électricité son allés en s’intensifiant, on attend toujours les incidences des grands projets, ainsi que les voitures chinoises qu’on nous a promises.

Au niveau culturel, le colloque de Yaoundé sur le civisme est venu nous rappeler que la situation sur ce plan est problématique. Même l’Archevêque de Yaoundé a démissionné ! On espère que le premier salon du livre de Yaoundé nous replongera dans la quête des véritables savoirs dont notre pays a besoin pour « émerger ».

En sport, les Lions indomptables ont restauré la fierté nationale en se qualifiant pour la coupe du monde 2014 au Brésil, le plus dur commence maintenant… si on veut éviter la débâcle de 2010. Tout comme pour MTN Elite one qui envisage de passer de 14 à 18 clubs pour poursuivre dans la lancée du professionnalisme dont la première année d’expérience n’a vraiment pas été concluante. Le retrait de sponsors privés comme MTN et Camrail n’est d’ailleurs pas de nature à rassurer.

En quelques mots, 2014 annonce de nombreux défis. L’espoir fait vivre…

A tous et à chacun, bonne et heureuse année 2014.

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28 décembre 2012 5 28 /12 /décembre /2012 09:28

Dans un monde en mouvement permanent, où les tressaillements de l’actualité n’obéissent à aucune convenance paradigmatique, l’exercice de rétrospective est toujours une aventure périlleuse, de surcroît lorsque celui-ci doit couvrir l’ensemble d’une année. Par ce mea culpa, je vous prie d’excuser (sinon de compléter) les omissions que vous relèverez, quoique toute rétrospective, à défaut d’être exhaustive, est subjective et que, pour ma part, l’année qui s’achève a été moins riche en sensations que 2011.

Au plan international, le renouvellement de l’élite dirigeante de certaines grandes nations (France, Chine, Japon), tout comme le choix de la continuité (Etats-Unis, Russie) n’impliquera certainement pas de grands bouleversements en 2013 dans les relations internationales. On comprend mieux pourquoi les négociations climatiques de Doha n’ont pas enregistré d’avancées remarquables, ou encore que la situation en Syrie et en Palestine demeure dans l’impasse, au grand dam de nombreuses victimes civiles innocentes.

Le « choc des civilisations » n’a pas eu lieu, en dépit des provocations de Boko Haram au Nigéria ou de « L’innocence des musulmans », qui a enflammé le monde arabe durant plusieurs semaines. Barack Obama était davantage préoccupé par sa réélection et les inondations géantes qui frappaient New York.

L’Union Européenne a reçu le prix Nobel de la paix pour son rôle dans la transformation de l’Europe d’un continent de guerre à un continent de paix. Ce faisant, je m’offre le luxe de nourrir le même et légitime espoir pour mon Continent, lequel a malheureusement montré une fois de plus le visage d’une insécurité persistante (Mali, RDC, Somalie, Soudan), voire résurgente (Côte d’Ivoire, RCA), malgré les perfusions venant de toutes parts. Même les printemps arabes tardent à produire leurs fruits. L’accession d’une femme à la tête de la Commission de l’Union Africaine permettra-t-elle d’inverser la tendance ?

En attendant la réponse dans les prochaines années – pourquoi pas en 2013 – Usain Bolt et Lionel Messi ont définitivement inscrits leurs noms dans les tablettes de l’histoire, aux côtés de la Roja espagnole, qui a réalisé un triplé inédit.

Au Cameroun, les « Grandes Réalisations » sont en marche. La lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics se sont poursuivis « en s’intensifiant », notamment avec la mise en place d’un Tribunal Criminel Spécial ; le budget programme a été adopté : on attend maintenant les résultats dans le panier de la ménagère, le quotidien du citoyen lambda (accès à l’eau, à l’électricité, désenclavement des périphéries, etc.) et … la poche du fonctionnaire.

Le feuilleton « Vanessa Tchatchou » s’est estompé sur un goût d’inachevé, pour laisser la place aux inondations qui ont frappé certaines régions du pays, en particulier dans la partie septentrionale, répandant tragédie et désolation. Heureusement on a pu apprécier la solidarité nationale et internationale en action. Les états généraux de la communication ont permis de nourrir l’espoir d’un toilettage du monde des médias et de la communication au Cameroun.

En revanche, la désillusion est encore venue de l’Equipe fanion qui, pour la deuxième fois consécutive, nous privera des sensations de la CAN de football. Décidément ça devient sérieux ! Une légende du football s’en est allée (Théophile Abéga), une autre est née (Rigobert Song).

Dieu merci ! La fin du monde n’a pas eu lieu. On pourra donc rouler avec les voitures chinoises en 2013.

A tous et à chacun, je vous invite à faire de cette année qui commence, une année meilleure, une année d’espérance et de tolérance. Bonne et heureuse année 2013.

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17 octobre 2012 3 17 /10 /octobre /2012 08:03

Cette réflexion peu ordinaire, puisqu’elle ne traite pas de droit comme il est d’usage dans ce blog, a été un peu imposée par le contexte, celui de la commémoration de la mort de ce leader historique et charismatique africain, orateur hors pair, THOMAS SANKARA, qui a consacré son existence à ses idées et à ses convictions. 25 ans après son tragique décès (le 15 octobre 1987), je voudrais personnellement lui rendre hommage en mettant en lumière un florilège de ses discours qui, à n’en point douter, sont encore d’une actualité saisissante.

THOMAS SANKARA est né le 21 décembre 1949 à Yako en Haute-Volta (actuel Burkina Faso). Au-delà de son statut de militaire (Capitaine d’armée) et d’homme politique (Secrétaire d’Etat à l’information, Premier Ministre puis Chef de l’Etat), il fut un panafricaniste, un pacifiste, un humanisme, un altermondialiste, un féministe, un écologiste, mais surtout un révolutionnaire.

Voici ce qu’il a dit :

« Les ennemis du peuple, ce sont encore les hommes politiques qui ne parcourent la campagne que lorsqu’il y a des élections (…) Est-ce que vous êtes d’accord que nous maintenions dans notre administration des fonctionnaires pourris ? Est-ce que vous êtes d’accord que nous maintenions dans notre armée des militaires pourris ? Alors il faut les chasser. Nous les chasserons. Cela va nous coûter la vie peut-être, mais nous sommes là pour prendre des risques. Nous sommes là pour oser et vous êtes là pour continuer la lutte coûte que coûte (…) Lorsque vous allez à l’hôpital pour une hémorragie ou une fracture, même si vous êtes sur le point de tomber en syncope, on préfère vous laisser sans soins et s’occuper du rhume d’un président, d’un premier ministre ou d’un ministre, simplement parce que vous êtes hommes du peuple, ouvrier. Il faut dénoncer tout cela chaque jour » (Qui sont les ennemis du peuple – discours du 26 mars 1983).

« Et ce n’est pas un acte de charité ou un élan d’humanisme que de parler de l’émancipation de la femme. C’est une nécessité fondamentale pour le triomphe de la révolution. Les femmes portent sur elles l’autre moitié du ciel (…) Ce n’est pas non plus l’acquisition de diplômes qui rendra la femme égale à l’homme ou plus émancipée. Le diplôme n’est pas un laissez-passer pour l’émancipation. La vraie émancipation de la femme, c’est celle qui responsabilise la femme, qui l’associe aux activités productives, aux différents combats auxquels est confronté le peuple. La vraie émancipation de la femme c’est celle qui force le respect et la considération de l’homme. L’émancipation tout comme la liberté ne s’octroie pas, elle se conquiert. Et il incombe aux femmes elles-mêmes d’avancer leurs revendications et de se mobiliser pour les faire aboutir »(Discours d’orientation politique – 2 octobre 1983)

 « Nous proposons également que les structures des Nations Unies soient repensées et que soit mis fin à ce scandale que constitue le droit de veto. Bien sûr, les effets pervers de son usage abusif sont atténués par la vigilance de certains de ses détenteurs. Cependant, rien ne justifie ce droit : ni la taille des pays qui le détiennent ni les richesses de ces derniers (…) L’absence de l’Afrique du Club de ceux qui détiennent le droit de veto est une injustice qui doit cesser (…) Sans formation patriotique, un militaire n’est qu’un criminel en puissance (…) Il faut proclamer qu’il ne peut y avoir de salut pour nos peuples que si nous tournons radicalement le dos à tous les modèles que tous les charlatans de même acabit ont essayé de nous vendre vingt années durant. Il ne saurait y avoir pour nous de salut en dehors de ce refus là. Pas de développement en dehors de cette rupture (La liberté se conquiert – discours aux Nations Unies le 4 octobre 1984)

« Nous ne sommes pas contre le progrès, mais nous souhaitons que le progrès ne soit pas anarchique et criminellement oublieux des droits des autres. Nous voulons donc affirmer que la lutte contre la désertification est une lutte pour l’équilibre entre l’homme, la nature et la société. A ce titre, elle est avant tout une lutte politique et non une fatalité » (Sauver l’arbre, l’environnement et la vie tout court – discours du 5 février 1986).

 « Monsieur le président : combien sont-ils les chefs d’Etat qui sont ici présents alors qu’ils sont dûment appelés à venir parler de l’Afrique en Afrique ? Monsieur le président : combien de chefs d’Etats sont prêts à bondir à Paris, à Londres, à Washington lorsque là-bas on les appelle en réunion mais ne peuvent pas venir en réunion ici à Addis-Abeba en Afrique ? Ceci est très important (…) Il est normal que nous ayons aussi notre club et notre groupe. Faisons en sorte que dès aujourd’hui Addis-Abeba devienne également le siège, le centre d’ou partira le souffle nouveau du Club d’Addis-Abeba contre la dette ». (La dette – discours au Sommet de l’OUA le 29 juillet 1987).

 « Pour la société nouvelle, il nous faut un peuple nouveau, un peuple avec son identité propre, un peuple qui sait ce qu’il veut, qui sait s’imposer et qui sait ce qu’il faut pour atteindre les objectifs qu’il s’est fixé (…) La Révolution démocratique et populaire a besoin d’un peuple de convaincus et non d’un peuple de vaincus, d’un peuple de convaincus et non d’un peuple de soumis qui subissent leur destin (…) Il est nécessaire, il est urgent que nos cadres et nos travailleurs de la plume apprennent qu’il n’y a pas d’écriture innocente. En ces temps de tempêtes, nous ne pouvons laisser à nos seuls ennemis d’hier et d’aujourd’hui, le monopole de la pensée, de l’imagination et de la créativité. Il faut, avant qu’il ne soit trop tard, car il est déjà trop tard, que ces élites, ces hommes de l’Afrique, du Tiers Monde, reviennent à eux-mêmes, c’est-à-dire à leur société, à la misère dont nous avons hérité pour comprendre non seulement que la bataille pour une pensée au service des masses déshéritées n’est pas vaine, mais qu’ils peuvent devenir crédibles sur le plan international, qu’en inventant réellement, c’est-à-dire, en donnant de leurs peuples une image fidèle. Une image qui leur permette de réaliser des changements profonds de la situation sociale et politique, susceptibles de nous arracher à la domination et à l’exploitation étrangères qui livrent nos Etats à la seule perspective de la faillite (…) l’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir. Seule la lutte libère et nous en appelons à toutes nos sœurs de toutes les races pour qu’elles montent à l’assaut pour la conquête de leurs droits » (Avec le peuple – discours du 4 août 1987)

« C’est vrai, on ne tue pas les idées. Les idées ne meurent pas. C’est pourquoi Che Guevara, qui était un concentré d’idées révolutionnaires et de don de soi, n’est pas mort parce qu’aujourd’hui vous êtes venus [de Cuba] et nous nous inspirons de vous (…) Je voudrais dire : qu’est-ce que le Che ? Le Che pour nous, c’est d’abord la force de conviction, la conviction révolutionnaire, la foi révolutionnaire dans ce que tu fais, la conviction que la victoire nous appartient, que la lutte est notre recours (…) C’est pourquoi conviction, humanisme, exigence font de lui le Che. Et ceux qui savent rassembler en eux ces vertus, ceux qui savent rassembler en eux ces qualités, cette conviction, cet humanisme et cette exigence peuvent dire qu’ils sont comme le Che : des hommes parmi les hommes, mais surtout des révolutionnaires parmi les révolutionnaires »(Discours d’hommage à Che Guevara).

 

Mon opinion est que THOMAS SANKARA fut un grand esprit, un intellectuel et un visionnaire. Je vous invite à lire ses discours, vous vous rendrez compte qu’ils sont d’une actualité surprenante et confirment véritablement qu’on ne tue pas les idées…

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27 juillet 2012 5 27 /07 /juillet /2012 09:13

L'émergence progressive des préoccupations écologiques à l’échelle de la planète, suite à une série de catastrophes maritimes (Torrey Canyon, Amoco Cadiz, Exxon Valdez, Erika, etc.) et industrielles (Seveso, Three Mile Island, Bhopal, Tchernobyl, etc.) a semblé minorer les intérêts fondamentaux du Continent noir, au pinacle desquels sans doute se trouvent la paix, la sécurité et le développement. Une certaine opinion africaine a alors cru devoir conclure, au regard de telles prémisses, que la protection de l’environnement ne faisait pas partie des priorités de notre Continent. Personnellement je ne partage pas ce point de vue, car je pense qu'il existe un lien étroit et irréductible, je dois même dire consubstantiel, entre environnement et développement d'une part, et entre environnement, paix et sécurité d'autre part, y compris en Afrique.

I. Réconcilier l’économie et l’écologie en Afrique

Le développement économique que revendique l'Afrique ne peut être véritable que pour autant qu'il s'inscrit dans une perspective durable. Un tel développement n'est envisageable que si les africains opèrent la réconciliation inéluctable entre croissance économique, protection de l'environnement et justice sociale. Le rôle de la protection de l’environnement se situe ici à trois niveaux au moins :

-gérer rationnellement les ressources naturelles (minerais, hydrocarbures, bois, etc.) garantit des conditions de vie acceptables pour les générations actuelles et futures ;

-préserver l’environnement permet une meilleure exploitation du potentiel économique de l’Afrique, notamment le potentiel agricole (la dégradation du climat par exemple compromet immédiatement la production agricole);

-préserver l’environnement garantit la santé humaine nécessaire à la vitalité de l'économie.

Ainsi, cela peut paraître cynique pour certains, mais réaliste en ce qui me concerne : l'Afrique a davantage intérêt à préserver son environnement, dans la mesure où ses capacités de réaction et d'adaptation en cas de dégradation continue sont plus faibles que celles du reste du monde. Je veux par là dire que les africains seront les premiers à souffrir d’un environnement de plus en plus dégradé, même si beaucoup d’entre nous n’établissent pas le rapport – pourtant étroit – entre l’état de l’environnement et un certain nombre de phénomènes sociaux (vagues de froid et de chaleur, maladies, pluies diluviennes accompagnées de vents dévastateurs et d’inondations, etc.).

II- Promouvoir un environnement propice à la paix et à la sécurité humaine en Afrique

Les conflits en Afrique, le plus souvent, trouvent leurs racine dans la quête et le contrôle des ressources naturelles (eau, hydrocarbures, minerais, bois, etc.). La protection et la gestion rationnelle desdites ressources, dans l'intérêt de tous (dans une perspective de développement durable), contribuerait sans aucun doute à apaiser les tensions sur plusieurs parties du Continent noir.

En outre, la raréfaction des espaces viables, due à la déforestation, la désertification, la montée des eaux, provoque des tensions entre populations attenantes pour le contrôle des terres et des ressources (notamment entre agriculteurs et éleveurs pour la maîtrise des terres cultivables, des patûrages et des eaux), qui aboutissent à des conflits ouverts (Darfour). De même assiste-t-on de plus en plus, de façon insidieuse mais réelle, au développement du phénomène des réfugiés écologiques dont l’accumulation dans certaines zones déjà peu pourvues, accroît les tensions avec les populations locales en vue de l’accès aux ressources (Rwanda/RDC).

 

Au regard de tout ce qui précède, à moins d’avoir des instincts suicidaires, il me semble que chacun d’entre nous doit désormais accorder davantage d’intérêt à l’environnement.

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29 avril 2012 7 29 /04 /avril /2012 11:24

“Since wars begin in the minds of men, it is the minds of men that the defences of peace must be constructed”, such are the founding words of the United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization (UNESCO). Unfortunately, sixty seven years after the creation of this United Nations specialized institution, the mankind is still torn by conflicts. And even in the heart of the individual, there is no peace. We are living permanently in doubt and anxiety. We withdraw on a defensive attitude and develop phobia and mistrust towards other peoples, behaviour that generally leads to misunderstandings and sometime to opened confrontations.

In order to alleviate such kind of situations, I think that it could be useful to develop a schedule for education to common life, a kind of “handbook for peace” that would lean on a twofold frame, namely mutual comprehension and improvement of the life conditions of underprivileged and vulnerable levels of the society.


Understanding the other peoples means first going towards them, beyond fear and ulterior motive, listening to them and learning to discover them; it’s also observing and appreciating them from their viewpoint. In this way, as Edward Saïd, an American intellectual from Palestine said, “If it’s genuine, the will to understand the other cultures preclude any dominating ambition. That’s humanism. Otherwise the barbarity will carry off”. A such will of understanding is built upon dialogue, sincerity, justice, love, liberty, briefly in a confidence relationship.

Understanding the other peoples needs also to accept their originality and individuality, to stand their differences in so far as diversity, according to the French philosopher Antoine de Saint-Exuperry, is a factor of enrichment. It’s also admitting that they can think, feel, desire differently without representing a threat. It’s the categorical refusal of ethnocentrism and assimilation.

Education to the acceptation of the others will prosper through school, where young intelligences meet each other; in the quarters and suburbs, where populations of different origins are mixed; in leisure and spectacle places, particularly in sport activities, where people learn to confront without clashing and communicate through the language of the fair-play.


Besides, since I read Martin Luther King, I’m convinced of one thing: any society project that is interested in people’s minds without devoting the same importance to their economic and social conditions is a dying project, waiting for the moment it’ll be put underground. How can we envisage living in peace into societies deeply characterised by unequal distribution of available resources? Indeed, urban and country violence is the symptom of societies crossed by injustices, disparities and exclusions. Immigration for example seems to be a threat for some states, western states (worries about security, demography and employments) while it’s the last chance for other peoples, African peoples essentially, trapped in the despair and extreme poverty. So for me it’s urgent to tackle together the great problems that endanger the cohesion of states and the international system, by insuring education notably to cultural diversity, but also by guaranteeing employment, decent accommodation and equality of chances to everybody, doing all that by enforcing the place of young people into more and more competitive societies.


In sum, I would like to say that peace is not a ready-to-wear clothes; it’s an everyday and everyone construction at the centre of which are the young people who are the future of the humanity. In this regard, they need first to appropriate this culture to peace, to spread in the heart of peoples the seeds of tolerance, to support and actively participate to a lasting and shared progress, in order that finally emerges the “new world” called of all his wishes by Frederico Mayor, former General Manager of UNESCO from 1987 to 1999.

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23 décembre 2011 5 23 /12 /décembre /2011 13:36

2011 s'en est terminé, 2012 nous tend langoureusement ses bras. C'est vrai qu'à l'observation, on serait tenté de tourner la page sans demander son reste, tellement l'année qui s'achève n'aura pas été avare d'émotions fortes et d'inquiétudes extrêmes : le "printemps arabe" a reconfiguré la géopolitique du monde et généré une peur bleue au sein de certains régimes politiques en mal avec ce qu'on nomme "démocratie", les Nations Unies, ce "machin" ont renversé des Gouvernements, le Japon a traversé une épreuve que seul un tsunami suivi d'un séisme de grande ampleur peuvent vous faire vivre, certains leaders politiques historiques ont passé l'arme à gauche (Khadafi, Kim Jong-Il), s'ils ne doivent pas tout simplement se débattre entre les mailles de la justice nationale (Mourabak) et internationale (Gbagbo), voire même vivre la dure réalité de l'exil qu'ils ont souvent laissé comme seule alternative à leurs adversaires (Ben Ali), comme quoi le fauteuil présidentiel ne confère ni éternité ni immunité, les violations des droits humains persistent en Palestine, en Syrie et dans beaucoup d'autres endroits de notre Terre, la crise économique internationale, après avoir fait chuté de nombreux gouvernements européens (Grèce, Espagne, Italie) reste présente, le G20 et le couple franco-germanique n'ont pu y trouver une solution à court terme et l'Afrique aujourd'hui est plus que jamais menacée...Comme elle est aujourd'hui menacée par le terrorisme au Sahel et la famine dans sa côté orientale. Un accord, bien qu' a minima a été trouvé à Durban sur l'avenir du climat mondial et il est légitime d'en attendre la consolidation au cours des mois qui viennent, les Etats-Unis n'ont pas ouvert unilatéralement un nouveau front militaire (ce ne sont pas les occasions qui ont manqué) et ont plutôt confirmé leur retrait d'Irak et d'Afghanistan, le Barça a remporté la Champions league et la coupe du monde des clubs (entre autres trophées),confirmant l'hégémonie planétaire du football champagne pour des générations et des générations encore (en fait c'est mon voeu).

 

Sur le plan national, les Lions indomptables ne joueront pas la CAN au Gabon et en Guinée Equatoriale, une compétition pour laquelle le Gabon l'avait sollicité pour une co-organisation. Le légendaire goléador Samuel Eto'o Fils (4 fois ballon d'or afriacin,meilleur buteur de l'histoire des Lions indomptables et de la CAN,etc...) a été mis en retraite anticipée de l'équipe fanion. Juste en passant, qui sanctionnera la FECAFOOT pour ses errements unaniment reconnus ? Quoiqu'il en soit, les élections se sont déroulées - fort heureusement sans heurts ni ingérence, pourrait-on dire - et un nouveau gouvernement a été mis en place,afin de faire du "programme des grandes réalisations" une réalité. Le premier conseil des ministres s'est tenu et des instructions ont été données. Gardons espoir, car des "jeunes" de 50 ans y ont été coptés... Les "25.000" ont été confirmés, on les attend à l'oeuvre. Certes le chômage n'est pas fini (tel n'était en tout cas l'ambition de ce projet) mais quelques familles passeront d'excellentes fêtes de fin d'année, sans eau ni courant et sous la menace des raids meurtriers du choléra, qui n'a pas dit son dernier mot...

 

A tous et à chacun, je vous souhaite de faire de la nouvelle année qui commence, une année meilleure, une année d'espérance et de tolérance. Bonne et heureuse année 212.

 

 

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8 avril 2011 5 08 /04 /avril /2011 00:23

La présente réflexion a été inspirée et suscitée par les derniers rebondissements de la crise ivoirienne (pour autant qu'il s'agisse bien des derniers rebondissements), suite à l'offensive des forces "néo-républicaines" pro-Ouattara (soutenues par la coalition franco-onusienne) contre le palais présidentiel du Plateau à Abidjan. La crise actuelle qui ensanglante le pays de Didier Drogba anime et passionne les débats à toutes les échelles sociales. Pour un bon traitement de la question d'un point de vue scientifique, l'anayse doit être portée à un diapason qui dépasse la grille de lecture Gbagbo-Ouattara, que ce soit du point de vue juridique (le contentieux post-électoral) ou politique (le rôle des acteurs internes et externes).

 

Une crise au-delà du contentieux post-électoral

 

L'idée ici est de dire que la crise ivoirienne n'est pas née avec les élections présidentielles du 28 novembre 2010. Elle ne doit pas être limitée à la question de savoir qui a gagné ou perdu les élections, mais remonte au décès du Président Houphouët Boigny et les guerres de succession qui s'en sont suivies. Il y a eu la guerre des clans au sein des héritiers de l'houphouétisme, qui s'est soldée par le coup d'Etat de Noël 1999 sur fond d'ivoirité et d'intolérance croissante. Ensuite il y a eu la tentative de coup d'Etat du 19 septembre 2002 au cours de laquelle le pays a été agressé par une rebellion venue du Nord. Depuis cette date, la Côte d'Ivoire a été divisée sur le plan politique, géographique et communautaire. Où était-elle, cette "communauté internationale" pour bouter hors de Côte d'Ivoire cette horde d'assaillants sans foi ni loi qui, pendant près de huit ans, ont régné sans partage sur la moitié du pays ? Le sanglant contentieux post-électoral qui succède le scrutin de novembre 2010 n'est que le énième soubresaut d'un processus post-confictuel mal géré et d'une élection précipitée car comment s'expliquer que la communauté internationale ait exigé la tenue de consultations électorales alors que la moitié du pays était encore occupée par des groupes lourdement armés ? La responsabilité de la communauté internationale dans cette crise est grande même si elle n'occulte pas les initiatives critiquables des acteurs politiques de premier plan que sont Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Quand bien même la victoire électorale ou militaire de l'un sur l'autre serait établie, seul un processus de réconcilliation sérieux de l'ensemble des ivoiriens (et c'est possible) pourra à terme ramener une paix durable dans ce pays.

 

Une crise politique aux relents géopolitiques

 

La grille d'anayse Gbagbo-Ouattara de la crise ivoirienne (le paradigme de la quête du pouvoir politique) ne doit pas nous conduire à minorer les influences et interférences exogènes, c'est-à-dire le rôle éminent des acteurs extérieurs à la Côte d'Ivoire. Les enjeux de la crise vont au-delà de ce pays et posent le problème de la capcité des africains à régler les crises continentales, de même que le rôle des puissances étrangères dans la dialectique de la stabilité et de l'instabilité sur le continent noir. Cette crise pose le problème de l'autonomie de décision de l'Afrique face à la rémanence des tentations néo-colonialistes et à la permanence des ingérences qui, depuis l'accession de la majorité des Etats à l'indépendance et à la souveraineté internationale, n'ont cessé de subir les assauts dévastateurs des puissances impérialistes (pour des motivations et des intentions inavouées que chacun d'entre nous peut s'imaginer). La crise ivoirienne nous enseigne que le sort de l'Afrique reste encore décidé hors d'Afrique, dans des officines ou les peuples et les dirigeants africains n'ont pas accès. Et si le prétexte de l'ingérence démocratique peut être subtielement invoqué, de même que le paravent humanitaire rapidement brandi, il reste que la Côte d'Ivoire ne monoploise pas les souffrances de l'humanité et l'on aimerait bien voir cette communauté internationale se mobiliser avec le même enthousiasme pour secourir les peuples en détresse dans toutes les parties du monde (en Palestine par exemple).

 

Laurent Gbagbo a peut-être perdu les élections présidentielles de novembre 2010. Alassane Ouattara ne les a peut-être pas gagnées. Le problème reste le même : tant que l'Afrique ne constituera pas une force de résistance à même de s'exprimer d'une voix commune, des futures Côte d'Ivoire (et Libye) s'annoncent en perspective ... au grand dam des peuples africains.

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6 décembre 2010 1 06 /12 /décembre /2010 21:18

La présente réflexion met en rapport deux concepts principaux : il s’agit de celui de réforme et ce lui de Nations Unies. Il est important de mettre en évidence le sens et le contenu de ceux-ci afin d’avoir une excellente maîtrise des enjeux de la présente réflexion. Par réforme, on entend un « changement en vue d’une amélioration ». En effet, réformer c’est « changer en mieux, corriger ». Cette définition du terme réforme nous permet de tirer un premier constat : on ne peut parler de réforme qu’après avoir fait le constat de l’échec, ou tout au moins des insuffisances d’une institution. C’est sur la base de ce constat d’échec que s’impose le souci de l’amélioration, c’est-à-dire en d’autres termes de la réforme. S’agissant en particulier des Nations Unies, le débat n’est plus sur le fait de savoir s’il faut réformer les Nations Unies, non ! Ce débat est dépassé aujourd’hui, il s’agit surtout de s’appesantir sur les raisons qui peuvent justifier une réforme et comment on peut y procéder.

S’agissant des Nations Unies, le terme peut être appréhendé sous un double prisme : d’abord sous un prisme minimaliste, c’est-à-dire dans un sens restreint. A cet effet, les Nations Unies renvoient alors précisément à l’Organisation des Nations Unies (ONU) qui est une organisation créée par la Charte de San Francisco du 26 juin 1945 et entrée en vigueur le 24 octobre 1945. Conformément à l’article 7 de la Charte de l’Organisation, celle-ci comprend des organes principaux (au nombre de six) et des organes subsidiaires qui sont des organes créés par les organes principaux (c’est le cas par exemple du PNUD, du PNUE, de l’UNICEF, de la CNUCED, etc.).

Ensuite, le terme Nations Unies peut être appréhendé sous le prisme maximaliste, c’est-à-dire dans un sens large. Ici, les Nations Unies désignent alors ce que l’on nomme le système des Nations Unies. Il y a une nette différence entre organisation des Nations Unies et système des Nations Unies. Alors que l’ONU est une organisation internationale à part entière, le système des Nations Unies désigne l’ensemble constitué par l’ONU et les institutions spécialisées des Nations Unies, c’est-à-dire un ensemble d’organisations internationales à part entière, mais qui ont décidé d’harmoniser leurs actions avec l’ONU dans le cadre du système des Nations Unies (c’est le cas par exemple de l’OIT, de l’UNESCO, du FMI, de la Banque mondiale, etc.). Une telle harmonisation entre les activités de l’ONU et celles des institutions spécialisées est assurée par le Conseil économique et social des Nations Unies. En effet, conformément à l’article 63 de la Charte des Nations Unies, « le Conseil économique et social peut conclure avec toute institution [spécialisée] des accords fixant les conditions dans lesquelles cette institution sera reliée à l’Organisation (…) Il peut coordonner l’activité des institutions spécialisées en se concertant avec elles, en leur adressant des recommandations, ainsi qu’en adressant des recommandations à l’Assemblée générale et aux Membres des Nations Unies ».

Ces précisions étant faites, il nous semble plus pertinent de retenir ici le terme de Nations Unies dans son acception large, c’est-à-dire en tant que système des Nations Unies et ne pas se limiter exclusivement à l’ONU, dans la mesure où seule une action concertée entre l’ONU et les institutions spécialisées peut garantir l’effectivité des missions des Nations Unies.

Dès lors, la présentation qui va suivre s’articulera autour de deux principales questions qui en inspireront l’ossature : pourquoi réformer les Nations Unies ? Comment réformer les Nations Unies ? A ces deux questions nous apporterons bien évidemment une double réponse. Dans un premier moment nous montrerons les faiblesses des Nations Unies qui, de ce point de vue, justifient la réforme (I) et dans un second moment nous nous attarderons sur les voies ou les axes d’une réforme des NU  afin d’en garantir l’efficacité (II).

Les faiblesses des Nations Unies comme facteur justificatif de la réforme

Il s’agit ici de répondre à la question : pourquoi réformer les Nations Unies ? La réponse est simple : parce que celles-ci n’ont pas pu atteindre les buts qu’elles se sont assignées dans la Charte des Nations Unies. En effet, l’efficacité d’une organisation s’apprécie par rapport aux buts qu’elle s’est assignée. Et, conformément à l’article 1er de la Charte, les buts des Nations Unies sont les suivants : « maintenir la paix et la sécurité internationales (…) ; développer entre les nations des relations amicales (…) ; réaliser la coopération internationale en résolvant les problèmes internationaux d’ordre économique, social, intellectuel ou humanitaire (…) ; être un centre où s’harmonisent les efforts des nations vers ces fins communes ».

Ainsi, s’agissant du maintien de la paix et de la sécurité internationales, en dépit de ce que les Nations Unies ont pu éviter la survenance d’une nouvelle guerre mondiale, ce serait un leurre, une utopie, une vue de l’esprit que de dire que le monde est en paix et en sécurité. Les menaces sont nombreuses et on recense encore des tensions et des conflits dans la majorité des continents (en Afrique : Somalie, Soudan ; en Asie : Palestine, Afghanistan, Irak ; en Europe : Russie avec la question de la Tchétchénie). Or, les interventions onusiennes, soit elles se sont traduites par une faible réaction (Tchétchénie, Darfour), soit par une relative indifférence (Rwanda). Une telle conclusion est tout simplement le reflet du caractère inachevé du travail des Nations Unies.

S’agissant de la résolution des problèmes d’ordre économique, social, intellectuel ou humanitaire, on observe encore d’importantes disparités, inégalités, entre Etats de la planète (entre Etats développés et sous développés, Pays émergents, pays à revenus intermédiaires, pays les moins avancés) tandis que les violations des droits de l’homme restent nombreuses (Birmanie, Irak, Soudan, etc.). Les Nations Unies jusque là n’ont pas pu réduire l’écart entre pays développés et pays en développement, au contraire on serait tenté de dire que cet écart s’est accru. Il s’accroît même également à l’intérieur des Etats.

Enfin, alors que les Nations Unies doivent être un centre où s’harmonisent les efforts des Etats vers ces fins communes, il est loisible de relever aujourd’hui l’émergence de pôles de concurrence aux Nations Unies : c’est le cas en matière de maintien de la paix et de la sécurité avec la création de l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord : traité signé le 9 avril 1949 en période guerre froide afin de contenir la menace communiste en Europe. Elle regroupe aujourd’hui 28 Etats) et dont les interventions sont nombreuses, notamment à l’occasion de la guerre du Kosovo en 1999 et aujourd’hui elle est présente en Afghanistan pour accomplir des missions originellement confiées au Conseil de sécurité des Nations Unies.

C’est le cas également en matière de régulation internationale des questions monétaires et financières, où le FMI et la Banque mondiale, institutions spécialisées des Nations Unies en charge de ces aspects, sont concurrencés par le G8 et le G20, qui sont des organisations informelles et dont la composition est de toute évidence discriminatoire.

C’est donc au regard de cet ensemble d’insuffisances que nous envisagerons des axes d’une réforme.

Les axes d’une réforme : conditions de l’efficacité des Nations Unies

Il s’agit ici de répondre à la question comment réformer les Nations Unies ? Avant de répondre à cette question, il ne serait pas superflu de rappeler que le débat sur la réforme des Nations Unies ne date pas d’aujourd’hui. En effet, depuis le début des années 1960 et l’accès à l’indépendance d’un certain nombre d’Etats africains, la question se posait déjà. Il fallait alors adapter le système afin de prendre en compte la donne des nouveaux Etats qui venaient d’accéder à l’indépendance. Un ensemble de réformes ont donc été initiées et qui ont affecté les structures, les normes, les programmes, les procédures et les mécanismes de décision au sein des Nations Unies. On peut ainsi relever l’amendement de l’article 23 de la Charte, qui a porté le nombre des membres du Conseil de sécurité de 11 à 15 afin d’augmenter le nombre d’Etats africains ou encore l’amendement de l’article 61 qui fait passer le nombre des membres du Conseil économique et social de 18 à 27 puis de 27 à 54. On peut également citer la création par l’Assemblée générale des Nations Unies de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) et du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) en vue d’accorder un intérêt supplémentaire à la problématique du développement des pays du Sud.

Toutefois, si des réformes ont déjà été entreprises, elles ont eu un relatif succès et méritent d’être poursuivies. C’est dans ce sens que s’inscrit la présente contribution. Dans ce sens, de nombreuses propositions ont été faites ; nous ne nous en tiendrons qu’à celles qui, de notre point de vue, sont essentielles et doivent être retenues. Elles portent autant sur les aspects opérationnels que sur les aspects de la gouvernance au sein des Nations Unies.

Les réformes au plan opérationnel 

Elles concernent le maintien de la paix et de la sécurité internationales et la présence des Nations Unies sur le terrain.

En ce qui concerne le maintien de la paix et de la sécurité internationales, il s’agit ici de souligner la nécessaire réforme des opérations de maintien de la paix (OMP). Il s’agit donc de renforcer les capacités d’action des NU sur le terrain des conflits (qualité et quantité des effectifs), non seulement afin d’éviter des interventions sélectives, mais surtout qu’elles s’étendent systématiquement sur le terrain de la consolidation de la paix : organisation des élections, désarmement, protection des réfugiés, des populations civiles et assistance humanitaire.

En ce qui concerne la présence des Nations Unies sur le terrain, celle-ci doit être rationnalisée. En effet, dans un contexte de crise économique et de tensions budgétaires au sein des Nations Unies, dans un contexte où celles-ci sont essentiellement dépendantes des financements des Etats-Unis, il y a lieu de préconiser le regroupement de certaines organisations onusiennes dont les activités semblent concourir à la même finalité (cas de la FAO, du PAM en matière alimentaire ; de l’OMC, la CNUDCI et de la CNUCED en matière de commerce, etc.). Sur ce point, certains projets ont également proposé le regroupement de toutes les agences des Nations Unies dans des locaux communs sous la dénomination « Maison des Nations Unies » afin d’en simplifier la coordination des activités au sein des Etats.

Les réformes au plan de la gouvernance des Nations Unies

C’est d’abord la gouvernance institutionnelle. Il s’agit de revendiquer ici une plus grande représentativité des Etats au sein des organes et institutions des Nations Unies (Conseil de sécurité, FMI, Banque Mondiale par exemple) où certains continents, particulièrement le continent africain, sont marginalisés.  En effet, point n’est besoin de rappeler que les institutions internationales, pour l’essentiel, sont encore le reflet des vestiges de la seconde guerre mondiale. Pour le Président Sarkozy qui a constamment défendu cette position, « on ne peut pas gouverner le monde d’aujourd’hui, celui du XXIème siècle avec les institutions du XXème siècle (…) élargir le Conseil de sécurité ce n’est pas qu’une question d’équité, c’est une question d’efficacité (…) Il faut faire en sorte que nos institutions internationales soient plus représentatives, parce que si elles sont plus représentatives, nos institutions seront plus fortes, plus efficaces et plus respectées ». (Discours AGNU de 2008). Cette position a été constamment reprise par le Chef de l’Etat du Cameroun dans ses postures de politique étrangère. Pour lui, dans son discours à l’AGNU 2009, « seule une ONU rénovée, plus démocratique, plus crédible et plus efficace continuera de focaliser les espoirs et la confiance des peuples ». Mais on peut également retrouver une position similaire lors de ses interventions à Africa 21 les 18-19 mai 2010, lors du Sommet Afrique-France des 31 mai-1er juin 2010, mais également à l’occasion de son discours à l’AGNU 2010.

C’est ensuite la gouvernance managériale. Il s’agit d’attendre des Nations Unies qu’elles disposent d’un personnel parmi les plus performants. Lorsqu’on lit l’article 101 § 3 de la Charte, « la considération dominante dans le recrutement et la fixation des conditions d’emploi du personnel doit être la nécessité d’assurer à l’Organisation les services de personnes possédant les plus hautes qualités de travail, de compétence et d’intégrité ». Ce qui n’a pas toujours été le cas. En effet, quand on s’intéresse au recrutement du personnel des Nations Unies, on constate que les Etats membres essaient à tout prix de placer leurs ressortissants, indépendamment de leur aptitude pour le poste à pourvoir. Comme le relevait d’ailleurs l’ancien Secrétaire général des Nations Unies M. Kofi Annan, « nous ne récoltons pas ce qu’il y a de meilleur. Les gouvernements ont tendance à nous envoyer les personnes qu’ils n’arrivent pas à caser ». Il s’agit donc ici de revendiquer une plus grande rigueur dans le recrutement du personnel, afin de doter les différentes institutions des personnels les plus performants, au regard des missions fondamentales qui sont celles des Nations Unies.

En conclusion, l’idée ici est de dire qu’une réforme peut contribuer à améliorer le fonctionnement des Nations Unies, mais elle n’en constitue pas une garantie systématique.

Tout d’abord, une réforme accélérée et mal conduite présente plus de risques que d’avantages pour la stabilité de la société internationale. Il s’agit d’éviter d’aboutir en fin de compte à une organisation fragile, du type SDN, qui n’a pas pu empêcher le déclenchement de la deuxième guerre mondiale. Il s’agit donc de dire qu’une réforme des Nations Unies ne doit pas faire abstraction des rapports de force qui structurent les relations internationales.

En outre, il convient d’avoir à l’esprit que d’autres facteurs peuvent expliquer l’inefficacité des Nations Unies. Il s’agit par exemple de l’absence de volonté politique des Etats eux-mêmes ; ce que Ghassan Salamé appelle le « paradoxe fondateur », c’est-à-dire des Etats qui créent des organisations et qui par la suite ne sont pas prêts à se conformer à ses exigences (collaboration avec l’organisation, respect de ses décisions) ou à lui doter des moyens nécessaires pour son fonctionnement efficace (versement des contributions financières, fourniture des troupes pour les OMP).

En fin de compte, si nous appelons de tous nos vœux une réforme des Nations Unies, celle-ci doit être menée de façon mesurée, en tenant compte des rapports de force qui structurent encore les relations internationales, si l’on veut parvenir à des institutions internationales plus efficaces.

 

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1 décembre 2010 3 01 /12 /décembre /2010 21:42

Le débat autour du terrorisme international a indéniablement pris des proportions considérables depuis les attentats tristement spectaculaires et sanglants du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis qu’aujourd’hui, aucun Etat ou groupe d’Etats, voire même des organisations privées, ne reste à la traîne quant aux mesures à adopter afin d’en conjurer les méfaits. En effet, bien que la controverse doctrinale persiste sur la définition de la notion même de terrorisme, l’unanimité est quasi-universelle quant à son rejet comme mode d’expression ou de revendication politique. C’est dans ce sens que l’Organisation des Nations Unies (ONU), embryon d’un gouvernement à l’échelle mondiale, a condamné cette pratique dans une succession de résolutions adoptées par le Conseil de Sécurité, mais également à travers la mise en place d’une stratégie mondiale de lutte contre le phénomène.

Cependant, il n’en demeure pas moins que le terrorisme existe, qu’il persiste et continue malheureusement à endeuiller de nombreuses familles innocentes. L’Afrique, centre d’intérêt de cette réflexion, pose évidemment le problème de sa vulnérabilité vis-à-vis du phénomène. Et, contre toutes attentes, le continent noir, carrefour officialisé de tous les malheurs terrestres imaginables (conflits armés interminables, famines intarissables, pandémies incurables, etc.), est resté globalement en marge de celui-ci. Si nous nous félicitons de ce « contraste » plutôt heureux, il ne devrait pourtant pas dissimuler le sens de la présente réflexion dont la vocation est éminemment interpellative : l’Afrique demeure un terreau socio-sécuritaire fertile au terrorisme international, d’où l’urgence de la mise en place d’un système antiterroriste efficient sur le continent avant que ne survienne un retournement de situation qui ferait du continent africain une place forte de cette pratique peu recommandable.

 

L’Afrique, un terreau socio-sécuritaire fertile au terrorisme international

 

Conduite sous le leadership des Etats-Unis après la tragédie du « mardi noir », « la guerre contre le terrorisme » a été un échec cuisant ; en témoigne la prolifération des attentats meurtriers à l’échelle planétaire, notamment à Bali, Djakarta, Madrid, Istanbul, Islamabad, Bombay, en Afghanistan et en Irak, mais également à Djerba, Casablanca et Mombasa, pour ne citer que ces exemples. C’est la preuve irréfutable que l’Afrique n’est pas véritablement en marge de ce phénomène de propagation de la terreur. Dans ce sens, il est loisible de relever que si certains de ces actes sont perpétrés par des africains eux-mêmes, expression d’un ras-le-bol incoercible et d’un tissu social en déliquescence, d’autres, en fait, sont facilités par la fragilité des systèmes sécuritaires, poreux aux incursions extérieures déstabilisatrices.

 

L’Afrique, un moule de terroristes en puissance

 

Le terrorisme, aujourd’hui, est un phénomène planétaire. Pour Hamid Barrada, « le danger terroriste est réel, et il serait sage d’en prendre toute la mesure ». Tel est le constat : il est implacable, mais relève d’un pragmatisme éclairé. Qu’est-ce qui peut donc autant motiver ces marchands de l’apocalypse dans leur basse besogne ?

C’est que le terrorisme apparaît aujourd’hui comme le symptôme d’une société internationale malade ; malade de ses injustices, de ses disparités et de ses exclusions. Dans des sociétés africaines marquées par des systèmes démocratiques qui restent à construire, une inégale répartition des ressources économiques disponibles, l’existence de bidonvilles géants, cimetières vivants de tant d’espoirs déçus, réceptacles de générations entières frustrées et en mal d’être, en mal de devenir, bref, en défaut d’avenir, et en fin de compte, creuset idéal pour les sergents recruteurs de l’Internationale terroriste, le terrorisme ne peut que y faire son lit. C’est d’ailleurs l’argument majeur qui a été mis en avant lors des attentats de Casablanca au Maroc le 16 mai 2003 où les 14 terroristes étaient marocains, tous issus du bidonville de Sidi Moumen où la police ne pénétrait plus ; ou encore de la prise d’otages au Nigeria le 31 juillet 2004 de 165 travailleurs de la société américaine Mallard Bay, qui opère en sous-traitance avec SHELL, par une trentaine de ravisseurs autochtones qui réclamaient des emplois et une meilleure répartition des revenus issus du pétrole local.

Ce qu’il faut retenir des développements qui précèdent, c’est que même si le terrorisme n’est pas encore profondément ancré dans les pratiques africaines, le continent renferme les germes d’un terrorisme en puissance. Le procédé risque de prendre de l’ampleur et éclore véritablement avec le temps si la situation sociale demeure statique et que les marchands d’illusions parviennent à récupérer les mécontentements populaires pour en faire une arme à leur disposition.

 

L’Afrique, une cible facile du terrorisme international

 

« L’Afrique a été et restera pour l’avenir prévisible un continent mûr pour des actes terroristes », ainsi s’exprimait un responsable du Pentagone, soulignant que Washington s’employait à renforcer sa coopération militaire avec les africains en vue de prévenir les attentats terroristes. Une telle affirmation, aussi pessimiste qu’elle puisse paraître pour le continent noir, n’a certainement pas été faite ex-nihilo. En effet, c’est en s’inspirant de l’état de santé sécuritaire sur le continent africain que ce stratège américain a pu formuler sa théorie : porosité des frontières (avec ce que cela comporte comme circulation des personnes douteuses et des arsenaux de guerre), formation policière et matériels antiterroristes insuffisants ou inadaptés, systèmes de prévention dans les transports en commun approximatifs, et bien d’autres lacunes encore qu’il convient de combler.

Sur la base de ce diagnostic lucide, l’on peut déduire que l’Afrique présente des carences au plan stratégique et des insuffisances sécuritaires qui, éventuellement, peuvent attirer l’attention des terroristes internationaux en vue de s’attaquer aux intérêts occidentaux, ou autres, beaucoup moins protégés ici qu’en Occident. Il n’y a qu’à s’en référer aux attentats simultanés contre les ambassades américaines de Naïrobi au Kenya et Dar-Es-Salem en Tanzanie en août 1998, l’attentat contre la synagogue israélite de Djerba en Tunisie le 16 avril 2001, le double attentat de Mombasa au Kenya, commis contre les intérêts israéliens, le 28 avril 2002 ou encore la prise en otage d’employés français opérant pour la société minière Areva au Niger le 16 septembre 2010 par Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI).

Ainsi, face au renforcement des mesures sécuritaires en Occident, il n’est pas exclu que les terroristes internationaux se rabattent sur l’Afrique, où la marge de nuisance demeure plus importante; des mesures de prévention et de réaction doivent donc être prises en urgence.

 

L’urgence d’un système antiterroriste efficient en Afrique

 

Ainsi que nous l’avons mentionné plus haut, l’Afrique reste une cible relativement accessible au terrorisme international. Des mesures opportunes, fortes, mais surtout diligentes doivent donc être adoptées. Celles-ci peuvent relever, soit d’une stratégie directe de lutte contre le terrorisme, soit alors d’une stratégie indirecte, destinée à contrecarrer le phénomène à sa base.

 

Les méthodes directes de lutte contre le terrorisme en Afrique

 

La lutte directe contre le terrorisme en Afrique se situe à l’avant-garde des déficits sécuritaires évoqués dans le paragraphe précédent. Il s’agit donc d’un ensemble de mesures destinées à combattre de front les actes de terrorisme tels qu’ils se manifestent dans l’espace africain. Celles-ci consisteront concrètement à renforcer les mesures de sécurité et de contrôle aux frontières des Etats africains, à développer les moyens d’appropriation des mécanismes juridiques et institutionnels de lutte contre le terrorisme établis sur le continent, à assurer l’effectivité de la coopération policière et judiciaire, la lutte contre le financement du terrorisme, le trafic illicite des armes et matériels explosifs, mais également et surtout l’acquisition d’une technologie de pointe de nature à détecter les engins nocifs les plus discrets, notamment dans les lieux de transport en commun comme les aéroports.

Toutefois, parce que le risque zéro n’existe pas, il est nécessaire de réprimer avec la plus grande fermeté les actes terroristes perpétrés, en identifiant non seulement les auteurs et complices, mais aussi les commanditaires ; d’où la nécessité d’une législation idoine permettant de délimiter le sens du concept et son appropriation par les ordres juridiques nationaux, de même que l’existence de forces de police et des autorités judiciaires spécialement formées sur les questions d’antiterrorisme.

 

Les méthodes indirectes de lutte contre le terrorisme en Afrique

 

Les manœuvres et stratégies de lutte contre le terrorisme ne peuvent véritablement se réaliser et être efficaces que si elles sont inscrites dans une démarche qui dépasse le traitement symptomatique du phénomène pour appréhender les causes profondes qui l’animent. En ce sens, lors de son intervention à l’occasion de la réunion intergouvernementale de l’Union Africaine sur la prévention et la lutte contre le terrorisme à Alger du 11 au 14 septembre 2002, le Président de la République algérienne Abdel Aziz Bouteflika affirmait ceci : « le combat contre la pauvreté est peut-être l’élément premier indispensable de la lutte contre le terrorisme, car si la pauvreté est humainement et moralement inacceptable, elle est un facteur destructeur des vertus humaines et des bases de la solidarité sociale ». Il ressort de ces propos hautement significatifs que plus de justice sociale (accès à l’eau potable, à l’alimentation de base, à l’éducation élémentaire et aux soins primaires) contribuerait, à n’en point douter, à bâtir des piliers de stabilité pour tout le continent et, ipso facto, à réduire la sensibilité aux discours terroristes.

Il s’agit donc là d’une interpellation sans équivoque à l’endroit de tous les leaders africains (politiques, religieux, traditionnels, etc.), mais également de la communauté internationale, qui doivent se hisser à la hauteur de leurs responsabilités et de leurs engagements pour faire prévaloir le droit à la justice des plus faibles et des plus démunis. L’enjeu, à notre sens, est doublement salutaire : il est humanitaire d’abord, car il préserve l’Afrique de sinistres supplémentaires ; il est stratégique ensuite et s’inscrit dans une vision à long terme de politique économique, tant il est vrai qu’aucun développement n’est envisageable sans la stabilité. Et en la matière, il va de soi que la prévention vaut toujours beaucoup mieux que toute forme de thérapie.

Il s’agit des attentats contre les tours jumelles du World Trade Center à New York, contre le Pentagone à Washington et du crash d’un avion en Pennsylvanie, dont le point de chute, vraisemblablement, était la Maison Blanche, et dont le bilan s’évalue à 2986 pertes en vies humaines, in http://fr.wikipedia.org/wiki/Attentats_du_11_septembre_2001.

On peut lire à ce sujet John Brown, « Les périlleuses tentatives pour définir le terrorisme » in Le Monde Diplomatique, N°579, février 2002, pp. 4-5 ou encore Jacques Derrida, « Qu’est-ce que le terrorisme ? » in Le Monde Diplomatique, N°599, février 2004, p. 16.

Résolution 1368 du 12 septembre 2001 suite aux attentats du WTC et du Pentagone ; Résolution 1450 du 13 décembre 2002 condamnant les attentats terroristes perpétrés à Mombasa au Kenya ; Résolution 1530 suite à l’attaque à la bombe de Madrid du 11 mars 2004 ; Résolution 1618 du 4 août 2005 condamnant les attentats terroristes en Irak., etc.

La stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme a été adoptée par l’Assemblée Générale des Nations Unies le 8 septembre 2006, sous la forme d’une résolution (A/RES/60/288) à laquelle est annexé un plan d’action. Cette stratégie est fondée sur la condamnation systématique, sans équivoque et vigoureuse par les Etats membres du terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, quels qu’en soient les auteurs, les lieux et les buts, ainsi que sur l’adoption de mesures concrètes visant à éliminer les conditions propices à la propagation du terrorisme et à renforcer la capacité individuelle des Etats et de l’ONU à prévenir et combattre le terrorisme, tout en veillant à la protection des droits de l’homme et au respect de l’Etat de droit. Elle vient appuyer l’action de l’équipe spéciale antiterroriste créée par le Secrétaire Général des Nations Unies en juillet 2005 pour assurer la coordination et la cohérence de l’action menée à l’échelle du système des Nations Unies et complète la résolution 1373 du 28 septembre 2001 adoptée par le Conseil de Sécurité.

Il s’agit ici d’une question de proportionnalité, car si des actes de terrorisme sont bel et bien perpétrés en Afrique, ce n’est pas avec la même fréquence, la même violence et la même acuité que dans le reste du monde,  notamment en Asie. En outre, ceux-ci semblent bien circonscrits dans la région du Maghreb et dans le Sahel.

Dixit le Président américain George W. Bush lors de son discours à l’Académie militaire de West Point le 1er juin 2002.

Attentat de Djerba en Tunisie le 16 avril 2001 ; attentat de Casablanca au Maroc le 16 mai 2003 ; attentat de Mombasa au Kenya le 28 novembre 2002.

Pierre Conesa parle d’un terrorisme « mondialisé », tant par ses auteurs que ses victimes. Cf. Pierre CONESA, « Aux origines des attentats suicides » in Le Monde Diplomatique N°603, juin 2004, pp. 14-15. Lire dans le même sens le discours du Président Paul Biya à la tribune des Nations Unies à l’occasion de l’Assemblée générale de 2008.

Hamid BARRADA, « Le Royaume à l’épreuve » in Afrique Magazine, juin 2003.

Lire Marie Joannidis, « Corne de l’Afrique : enjeux stratégiques et conflits » in www.rfi.fr/fichiers/MFI/PolitiqueDiplomatie/1194.asp.

Ce double attentat était dirigé contre un hôtel où logeaient pour l’essentiel des touristes israéliens et un avion transportant des voyageurs originaires de l’Etat hébreu.

Il s’agit précisément des normes dont la portée juridique est plus ou moins certaine, et qui sont développées dans des textes à vocation continentale tels que la convention de l’OUA sur la prévention et la lutte contre le terrorisme adoptée en juillet 1999 et son protocole de juillet 2004, de la déclaration de Dakar contre le terrorisme d’octobre 2001, du plan d’action pour la prévention et la lutte contre le terrorisme de septembre 2002, mais également des organes d’action comme le Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine, dont le mandat concerne tout aussi bien des aspects liés à la lutte contre le terrorisme.

En dépit des critiques plus ou moins fondées que l’on pourrait lui faire, la convention OUA sur la prévention et la lutte contre le terrorisme propose une définition de l’acte terroriste à l’article 1er § 3. Il s’agit de :

« (a) tout acte ou menace d’acte en violation des lois pénales de l’Etat Partie susceptible de mettre en danger la vie, l’intégrité physique, les libertés d’une personne ou d’un groupe de personnes, qui occasionne ou peut occasionner des dommages aux biens privés ou publics, aux ressources naturelles, à l’environnement ou au patrimoine culturel et commis dans l’intention :

     (i) d’intimider, provoquer une situation de terreur, forcer, exercer des pressions ou amener tout gouvernement, organisme, institution, population ou groupe de celle-ci, d’engager toute initiative ou de s’en abstenir, d’adopter, de renoncer à une position particulière ou d’agir selon certains principes ; ou

      (ii) de perturber le fonctionnement normal des services publics, la prestation de services essentiels aux populations ou de créer une situation de crise au sein des populations ;

      (iii) de créer une insurrection générale dans un Etat partie.

(b) Toute promotion, financement, contribution, ordre, aide, incitation, encouragement, tentative, menace, conspiration, organisation ou équipement de toute personne avec l’intention de commettre tout acte mentionné au paragraphe a (i) à (iii) ».

En outre, elle enjoint les Etats parties à incriminer en toute priorité dans leurs ordres juridiques nationaux les actes terroristes tels qu’ils sont définis par l’article 1er § 3.

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29 novembre 2010 1 29 /11 /novembre /2010 09:35

La problématique de la gouvernance mondiale ne signifie pas l’avènement d’un gouvernement mondial à l’image de ce qui se passe dans le cadre d’un Etat. Elle suppose plutôt la construction d’un système de régulation d’envergure mondiale en vue de la gestion et du règlement des problèmes qui se posent à l’ensemble de la planète. Pour Zaki Laïdi, la gouvernance mondiale c’est « l’ensemble des processus par lesquels des règles collectives sont élaborées, décidées, légitimées, mises en œuvre et contrôlées » . Dans ce sens, l’enjeu de gouvernance mondiale est de peser collectivement sur le destin du monde en instaurant un système de régulation des nombreuses interactions qui aujourd’hui dépassent le cadre de l’activité d’un seul Etat. La problématique de la gouvernance mondiale se justifie non seulement par la différence des préférences dans un monde hétérogène (sur le plan idéologique, économique, culturel, etc.) mais également par la montée des problèmes globaux (paix et sécurité internationales, protection de l’environnement, des droits de l’homme, lutte contre le terrorisme et la prolifération nucléaire, etc.). Il s’agit donc de trouver des solutions collectives à ces problèmes qui affectent l’ensemble de la planète. Cette réflexion trouve donc toute sa pertinence dans la mesure où il s’agit de s’interroger sur le rôle que joue l’Afrique dans la conduite des affaires mondiales.

 

Le constat : le rôle marginal de l’Afrique dans la conduite des affaires mondiales

 

Nous ferons le tour de quelques secteurs où des problèmes de gouvernance à l’échelle mondiale se posent. Dans le domaine de la gouvernance politique et économique : l’Afrique s’apparente d’avantage à un objet de préoccupation qu’à un acteur dans la conduite des affaires mondiales, y compris celles qui le concernent au premier chef. Il reçoit le diktat de la communauté internationale sur les attitudes à adopter (démocratisation, respect des droits de l’homme, etc.) plus qu’il ne fait entendre sa voix. Dans le domaine économique, les préférences économiques ont été définies et globalisées en dehors de la volonté des Etats africains (privatisation sur le plan national, libre-échange sur le plan international, etc.) et parfois à l’encontre de ses intérêts. Dans le secteur de l’environnement, qui prend de plus en plus de l’envergure, en dépit de l’élaboration de normes internationales, les grandes avancées sont le résultat d’ententes entre les grandes puissances (Etats-Unis, Chine, Union Européenne, Inde, Brésil) plus que le fait d’une concertation prenant en compte les intérêts de toutes les parties. Il semblerait que l’Afrique ait besoin de se greffer à la France pour faire entendre sa voix (cas du sommet de Copenhague de décembre 2009 sur les changements climatiques). Dans la sphère institutionnelle, l’Afrique est aujourd’hui absente, voire sous représentée dans les grandes sphères d’élaboration, de prise et de contrôle des décisions sur le plan international (Conseil de sécurité des Nations Unies, FMI, Banque Mondiale, G8, G20).

 

Les facteurs explicatifs de la marginalisation de l’Afrique dans la gouvernance mondiale

 

Ces facteurs sont de divers ordres : historique (passé colonial et perception que les autres ont de l’Afrique, y compris le regard que les africains portent sur eux-mêmes) ; économique (l’Afrique reste le continent où la pauvreté et le sous développement sont les plus criants ; elle contribue pour à peine 3% du commerce mondial et demeure essentiellement dépendante de l’aide extérieure en termes de dons et de prêts) ; politique et sécuritaire (continent instable sur le plan politique – déficit démocratique, changements anticonstitutionnels de gouvernement, problèmes de gouvernance – et sécuritaire – guerres civiles, émeutes, violations massives des droits de l’homme et déficit de l’Etat de droit). Toutes choses qui affectent sa crédibilité sur la scène internationale.

 

Les voies et moyens en vue de renforcer la place de l’Afrique dans la gouvernance mondiale

 

Sur ce point, les pistes sont nombreuses. La diplomatie camerounaise en a formulé quelques unes. Elles découlent des discours du Président de la République à l’occasion de grands sommets internationaux (sommet Afrique-France des 31 mai et 1er juin 2010, Assemblée générale des Nations Unies de septembre 2010 à l’occasion du débat général, sommet de la Francophonie des 22-24 octobre 2010) qui, en réalité, confirment les conclusions auxquels sont parvenus les participants à la conférence de Yaoundé des 18-19 mai 2010 dénommée « Africa 21 ». Globalement, elles concernent la gouvernance institutionnelle. Il s’agit de l’attribution d’une place de membre permanent au continent africain au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies et l’admission d’un autre Etat africain au sein du G20 aux côtés de l’Afrique du Sud qui en fait déjà partie ; position que semble d’ailleurs partager la diplomatie française (discours du Président Sarkozy à l’occasion du débat général au sein de l’Assemblée générale des Nations Unies de 2008 et 2009, de même qu’à l’occasion du sommet Afrique-France de 2010).

Toutefois, il y a lieu de dire que l’affirmation croissante de l’Afrique dans la gouvernance mondiale exige d’aller au-delà de revendications au sein des instances internationales. Le rôle de l’Afrique dans la gouvernance mondiale s’accroîtra également par un certain nombre de réformes et de décisions d’ordre interne au continent. Il s’agit d’abord de la définition de positions communes africaines au sein des instances internationales (parler d’une même voix comme le fait constamment l’Union européenne). Ainsi par exemple, au lieu de revendiquer une place pour un Etat africain au sein du Conseil de sécurité ou du G20, celle-ci peut être attribuée à la Commission de l’Union Africaine qui, de ce point de vue, exprimera et défendra les vues communes à toute l’Afrique comme c’est le cas de la Commission de l’UE au sein du G20. Il s’agit ensuite de renforcer les piliers de la stabilité en Afrique : il s’agit de la démocratie, de l’Etat de droit et de la bonne gouvernance qui, de surcroît, renforcent la crédibilité (en termes d’image et de prestige) d’un acteur sur la scène internationale. En outre, un accent doit être mis sur le renforcement de la croissance économique en Afrique, y compris à travers l’amélioration de la sécurité alimentaire. Enfin (last but not the least), un accent doit être mis dans le secteur de la recherche scientifique en vue de promouvoir les idées africaines dans les cénacles internationaux. L’enjeu ne se limitera donc pas ici tout simplement à la proposition de solutions aux problèmes internationaux, mais également à participer à la détermination de l’agenda international, à la formulation des questions qui vont rythmer les débats internationaux car la façon dont une question est posée reflète les intérêts des Etats qui la posent.

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