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29 novembre 2010 1 29 /11 /novembre /2010 09:35

La problématique de la gouvernance mondiale ne signifie pas l’avènement d’un gouvernement mondial à l’image de ce qui se passe dans le cadre d’un Etat. Elle suppose plutôt la construction d’un système de régulation d’envergure mondiale en vue de la gestion et du règlement des problèmes qui se posent à l’ensemble de la planète. Pour Zaki Laïdi, la gouvernance mondiale c’est « l’ensemble des processus par lesquels des règles collectives sont élaborées, décidées, légitimées, mises en œuvre et contrôlées » . Dans ce sens, l’enjeu de gouvernance mondiale est de peser collectivement sur le destin du monde en instaurant un système de régulation des nombreuses interactions qui aujourd’hui dépassent le cadre de l’activité d’un seul Etat. La problématique de la gouvernance mondiale se justifie non seulement par la différence des préférences dans un monde hétérogène (sur le plan idéologique, économique, culturel, etc.) mais également par la montée des problèmes globaux (paix et sécurité internationales, protection de l’environnement, des droits de l’homme, lutte contre le terrorisme et la prolifération nucléaire, etc.). Il s’agit donc de trouver des solutions collectives à ces problèmes qui affectent l’ensemble de la planète. Cette réflexion trouve donc toute sa pertinence dans la mesure où il s’agit de s’interroger sur le rôle que joue l’Afrique dans la conduite des affaires mondiales.

 

Le constat : le rôle marginal de l’Afrique dans la conduite des affaires mondiales

 

Nous ferons le tour de quelques secteurs où des problèmes de gouvernance à l’échelle mondiale se posent. Dans le domaine de la gouvernance politique et économique : l’Afrique s’apparente d’avantage à un objet de préoccupation qu’à un acteur dans la conduite des affaires mondiales, y compris celles qui le concernent au premier chef. Il reçoit le diktat de la communauté internationale sur les attitudes à adopter (démocratisation, respect des droits de l’homme, etc.) plus qu’il ne fait entendre sa voix. Dans le domaine économique, les préférences économiques ont été définies et globalisées en dehors de la volonté des Etats africains (privatisation sur le plan national, libre-échange sur le plan international, etc.) et parfois à l’encontre de ses intérêts. Dans le secteur de l’environnement, qui prend de plus en plus de l’envergure, en dépit de l’élaboration de normes internationales, les grandes avancées sont le résultat d’ententes entre les grandes puissances (Etats-Unis, Chine, Union Européenne, Inde, Brésil) plus que le fait d’une concertation prenant en compte les intérêts de toutes les parties. Il semblerait que l’Afrique ait besoin de se greffer à la France pour faire entendre sa voix (cas du sommet de Copenhague de décembre 2009 sur les changements climatiques). Dans la sphère institutionnelle, l’Afrique est aujourd’hui absente, voire sous représentée dans les grandes sphères d’élaboration, de prise et de contrôle des décisions sur le plan international (Conseil de sécurité des Nations Unies, FMI, Banque Mondiale, G8, G20).

 

Les facteurs explicatifs de la marginalisation de l’Afrique dans la gouvernance mondiale

 

Ces facteurs sont de divers ordres : historique (passé colonial et perception que les autres ont de l’Afrique, y compris le regard que les africains portent sur eux-mêmes) ; économique (l’Afrique reste le continent où la pauvreté et le sous développement sont les plus criants ; elle contribue pour à peine 3% du commerce mondial et demeure essentiellement dépendante de l’aide extérieure en termes de dons et de prêts) ; politique et sécuritaire (continent instable sur le plan politique – déficit démocratique, changements anticonstitutionnels de gouvernement, problèmes de gouvernance – et sécuritaire – guerres civiles, émeutes, violations massives des droits de l’homme et déficit de l’Etat de droit). Toutes choses qui affectent sa crédibilité sur la scène internationale.

 

Les voies et moyens en vue de renforcer la place de l’Afrique dans la gouvernance mondiale

 

Sur ce point, les pistes sont nombreuses. La diplomatie camerounaise en a formulé quelques unes. Elles découlent des discours du Président de la République à l’occasion de grands sommets internationaux (sommet Afrique-France des 31 mai et 1er juin 2010, Assemblée générale des Nations Unies de septembre 2010 à l’occasion du débat général, sommet de la Francophonie des 22-24 octobre 2010) qui, en réalité, confirment les conclusions auxquels sont parvenus les participants à la conférence de Yaoundé des 18-19 mai 2010 dénommée « Africa 21 ». Globalement, elles concernent la gouvernance institutionnelle. Il s’agit de l’attribution d’une place de membre permanent au continent africain au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies et l’admission d’un autre Etat africain au sein du G20 aux côtés de l’Afrique du Sud qui en fait déjà partie ; position que semble d’ailleurs partager la diplomatie française (discours du Président Sarkozy à l’occasion du débat général au sein de l’Assemblée générale des Nations Unies de 2008 et 2009, de même qu’à l’occasion du sommet Afrique-France de 2010).

Toutefois, il y a lieu de dire que l’affirmation croissante de l’Afrique dans la gouvernance mondiale exige d’aller au-delà de revendications au sein des instances internationales. Le rôle de l’Afrique dans la gouvernance mondiale s’accroîtra également par un certain nombre de réformes et de décisions d’ordre interne au continent. Il s’agit d’abord de la définition de positions communes africaines au sein des instances internationales (parler d’une même voix comme le fait constamment l’Union européenne). Ainsi par exemple, au lieu de revendiquer une place pour un Etat africain au sein du Conseil de sécurité ou du G20, celle-ci peut être attribuée à la Commission de l’Union Africaine qui, de ce point de vue, exprimera et défendra les vues communes à toute l’Afrique comme c’est le cas de la Commission de l’UE au sein du G20. Il s’agit ensuite de renforcer les piliers de la stabilité en Afrique : il s’agit de la démocratie, de l’Etat de droit et de la bonne gouvernance qui, de surcroît, renforcent la crédibilité (en termes d’image et de prestige) d’un acteur sur la scène internationale. En outre, un accent doit être mis sur le renforcement de la croissance économique en Afrique, y compris à travers l’amélioration de la sécurité alimentaire. Enfin (last but not the least), un accent doit être mis dans le secteur de la recherche scientifique en vue de promouvoir les idées africaines dans les cénacles internationaux. L’enjeu ne se limitera donc pas ici tout simplement à la proposition de solutions aux problèmes internationaux, mais également à participer à la détermination de l’agenda international, à la formulation des questions qui vont rythmer les débats internationaux car la façon dont une question est posée reflète les intérêts des Etats qui la posent.

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